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samedi 5 mars 2011

Conférence nationale sur les rythmes scolaires




Ça commence ainsi :

« Le présent rapport est le reflet fidèle de toutes les contributions et de  toutes les opinions exprimées, de ce que pensent les Français de l’organisation actuelle et des améliorations qui pourraient être apportées. »


La grande consultation sur les rythmes scolaires a eu lieu et la synthèse est parue. Serait-ce une expression de ce que d’aucuns appellent démocratie participative ? Depuis les années Jospin, les enseignants ont l’habitude de ce genre de rituel. Au début, nous étions ravis d’être enfin sollicités… jusqu’à ce que l’on se rende compte que la manœuvre permettait simplement d’entériner des décisions déjà prises, tout en leur donnant le vernis de la consultation démocratique. D’où la désaffection des enseignants pour ce genre de rituel aujourd’hui. C’est pourquoi la grande consultation sur les rythmes scolaires n’a pas fait jaser dans les cours de récré si ce n’est par quelques remarques désabusées.

Mais, cette consultation-là a quelque chose d’exceptionnel ; à dessein, elle dépasse le cadre du monde enseignant et s’adresse à tout citoyen, comme les rapporteurs prennent le soin de nous le rappeler à plusieurs reprises tout au long de la synthèse : l’avis de chacun doit être pris en compte dans l’établissement des rythmes scolaires du XXIe siècle. La société en entier a son mot à dire : les fédérations de parents, les organisations lycéennes, les représentants du monde associatif, les représentants des cultes catholique, musulman, protestant et israélite, le monde économique et social (patrons des petites et moyennes entreprises, tourisme, hôtellerie, commerçants, transports, agences de voyage, moniteurs de ski), représentants ministériels (Comité national olympique, CSA, représentants de l’Outre-mer, Jeunesse et vie associative, Agriculture, Culture, Sport, Tourisme), collectivités (associations des départements, des maires, élus de la montagne, réseau des villes éducatrices), un collège expérimental. Si quelqu’un a été oublié, ce sera très fâcheux, voire suspect. La grande variété des auditionnés montre la volonté de faire des questions scolaire un thème dépassant largement le cadre des professionnels de l’enseignement qui, comme on pourra le constater, apparaissent très peu dans cette audition. Après tout, ce recueil d’opinions “citoyen” serait anodin s’il ne servait de référence et de prétexte à une réforme scolaire déjà engagée, réforme dont on peut se demander si elle vise vraiment à améliorer la qualité des apprentissages. Et puis les opinions des uns et des autres, aussi respectables soient-elles, sont-elles la garantie qu’elles conduiront à une école plus efficace. Ou bien sont-elles juste un sondage permettant de savoir quelle école souhaitent les futurs électeurs ?
Vous pouvez accéder directement aux 149 pages du rapport : pdf Télécharger le document

Si vous préférez une lecture commentée, voyez ce qui suit. J’ai noté et groupé les citations selon les thèmes récurrents. En bleu mes observations, en noir les citations du rapport de synthèse.

Bien-être de l’enfant
  • Les rythmes scolaires doivent être pensés non seulement comme un instrument de la réussite et de la performance à l’École, mais également comme un facteur du bien-être dans l’établissement.
  • Le bien-être de l’enfant et ses apprentissages sont au centre du débat.
  • Tous les auditionnés placent le bien-être de l’enfant, ses apprentissages au centre du débat.
  • Ainsi que le rappelle l’UNAF, « le bien-être de l’enfant doit être premier ». C’est ce principe qui fonde l’action des fédérations de parents d’élèves.
  • Ce qui est primordial, c’est l’intérêt de l’élève à être à l’école ».
  • IV. 2. Des priorités multiples : IV. 2. 1. L’épanouissement de l’enfant …
  • Il faut affirmer leur complémentarité… et ne plus raisonner en termes de concurrence, l’objectif commun étant la réussite de l’enfant et son épanouissement ».
On notera que le bien-être arrive tout de même avant les apprentissages, dont il est très peu question dans la synthèse. Le terme bien-être est aussi remplacé par celui d’épanouissement. Voilà la mission principale de l’école du XXIe siècle : épanouissement, bien-être avant tout. Les apprentissages apparaissent de manière très floue et on sent bien qu’ils ne sont pas la clé de voûte de la nouvelle école.

Contraintes familiales

  • L’UNAF rappelle que les familles vivent des contraintes qu’il est nécessaire de prendre en compte. L’organisation des rythmes scolaires doit dès que possible intégrer ces contraintes, notamment [celles qui pèsent sur] l’organisation du périscolaire ».
  • « Il y a lieu de modifier les rythmes scolaires pour être plus en harmonie avec les rythmes de l’enfant, mais en tenant compte également des rythmes des familles ».
  • Revoir le zonage serait ainsi une manière de prendre en compte les contraintes des familles recomposées qui ont parfois du mal à coordonner leurs vacances.
En bref, l’école doit s’adapter à la façon de vivre des familles. Soit. Pourquoi pas ? Mais ce qui vaut dans un sens doit valoir dans l’autre. Pourquoi ne pas demander à ce que les familles s’adaptent à l’école par exemple, en accompagnant leurs enfants dans les apprentissages, en veillant à ce qu’ils ne s’absentent pas, en respectant les enseignants et l’institution et en leur donnant une éducation et des valeurs qui ne soient pas antinomiques avec les qualités que doit développer un enfant pour apprendre et réussir à l’école. Et puisque le prétexte est ici la question des rythmes scolaires pourquoi ne pas demander aux parents de veiller à ce que leurs enfants dorment suffisamment. Ce  qui semble aujourd’hui une requête extraordinaire !

Devoirs
  • Les devoirs viennent alourdir une journée déjà longue et sont source d’inégalité car ils sont réalisés en dehors du temps scolaire.
  • Autant pour les élèves du primaire que du secondaire, il faut prendre en compte la durée réelle de travail. Les devoirs à la maison doivent impérativement être intégrés dans la réflexion sur les rythmes scolaires ».
  • Les devoirs à la maison, s’ils s’ajoutent aux contraintes déjà lourdes des élèves handicapés, sont aussi une charge réelle pour les élèves en difficulté et leurs familles qui ne savent pas toujours comment les aider. C’est pourquoi pour la FCPE, « c’est à l’école qu’il faut travailler, pas à la maison ».
  • Les devoirs à la maison « aggravent les inégalités » et prolongent la journée de travail, pénalisant ainsi les élèves qui ont le plus de temps de transport ou qui sont le plus en difficulté.
  • On propose le plus souvent de supprimer le travail à la maison, soulignant qu’il devrait être effectué à l’école, au collège ou au lycée, dans le cadre d’un accompagnement personnalisé généralisé.
  • Les devoirs à la maison prolongent la journée de travail, pénalisant ainsi les élèves qui ont le plus de temps de transport ou qui sont le plus en difficulté.
  • Une majorité d’entre eux se déclarent également favorables à l’intégration des devoirs (travail personnel au lycée) dans la journée de classe.
Les devoirs font l’unanimité ; la synthèse hélas ne fait pas la différence entre les devoirs en Primaire et les devoirs en Secondaire. On peut supposer que ces réticences portent plutôt sur le Secondaire, car en Primaire ils sont interdits depuis 1956 et rares sont les enseignants qui se risquent à braver cette interdiction. Néanmoins, le travail à la maison permet d’ancrer les apprentissages en fournissant une pratique supplémentaire aux élèves. Si cela doit être fait en classe, ce sera au détriment d’une autre discipline. Il faudrait peut-être un jour avouer que le seul travail à l’école ne suffit pas. Sans effort ni travail personnel, la réussite reste inaccessible. Mais après des années de bourrage de crâne dissociant les efforts et le travail de la réussite, il ne faut pas s’étonner du résultat. Les élèves qui réussissent dans le Secondaire et dans les grandes écoles fournissent beaucoup de travail personnel, même s’ils présentent des facilités cognitives.

Aide personnalisée
  • L’aide personnalisée si elle prive l’élève d’une pause méridienne nécessaire, s’inscrit aussi en négatif.
  • De même l’aide personnalisée vient-elle à son tour s’inscrire en négatif si elle se substitue à la pause méridienne ou si elle vient allonger la journée le soir. La place de ces temps est déterminante : si les devoirs ne sont pas faits en classe mais à la maison, les élèves les plus démunis peuvent glisser vers le découragement et le décrochage
  • On relève ainsi l’aide personnalisée qui n’aide pas mais « pénalise » de fait les élèves les plus en difficulté – par allongement de la journée ou suppression de la pause méridien.
L’aide personnalisée est un bon principe ; la plupart du temps, les élèves en difficulté ont besoin de plus de temps, de plus d’explications, toutes choses que permettent les deux heures hebdomadaires réservées à cet effet. Il est clair néanmoins que le bénéfice est moindre quand ces heures viennent allonger une journée déjà lourde.

Programmes
  • Enfin, toutes les fédérations, de manière plus ou moins explicite, insistent sur la lourdeur des programmes français, difficiles à mettre en œuvre sur l’année scolaire.
  • Toutes les fédérations s’accordent à considérer les programmes comme trop lourds et à demander qu’ils soient allégés.
Être parent d’élève est-il la garantie d’un avis compétent en termes de programmes ? La fonction parentale permet-elle de savoir ce qui cognitivement peut être enseigné, quand cela doit être fait et comment ? Non, bien sûr.  Cela est du ressort des professionnels des apprentissages. Les parents d’élèves ont certes un rôle à jouer dans la réalisation des apprentissages mais en aucun cas, il ne consiste à déterminer la nature des programmes d’enseignement.
  • De surcroît, les élèves français sont parmi ceux qui éprouvent le plus d’appréhension vis-à-vis de l’École et qui sont les plus indifférents à l’égard de leur établissement.
  • Les programmes pourraient ainsi se penser de manière moins rigide, laissant aux enseignants et aux établissements plus d’autonomie pour les réaliser. Et les élèves plus actifs seraient de ce fait moins fatigués
L’autonomie des programmes et des établissements conduirait à une baisse certaine du niveau et, en tous les cas, à une grande inégalité entre établissements. On peut voir par exemple le cas des écoles américaines qui n’ont pas de curriculum national et dont on connaît maintenant les écarts. Par ailleurs, une autonomie par établissement signifierait la fin de l’école nationale avec ses programmes pour tous les enfants, quel que soit leur milieu d’origine. La dernière phrase sous-entend que la lourdeur des programmes actuels est la cause de la fatigue des enfants. Déjà il n’y a pas de lourdeur, les contenus ont été allégés dans les programmes 2008. Et  si les élèves arrivent dans une classe sans les maîtriser, c’est peut-être aussi car ils n’ont pas été enseignés efficacement. Il est inquiétant que cette idée n’ait jamais été émise par aucun des nombreux « chercheurs », comme par exemple ceux qui peuplent l’INRP. Et si la fatigue des enfants, qui est bien réelle, venait de la lourdeur de leurs emplois du temps hors école. Quand la plupart des élèves sont incapables de travailler dès le matin, et qu’ils bâillent à se décrocher la mâchoire, ce n’est peut-être pas la faute des programmes ni de l’institution. Qui est responsable de leur hygiène de vie en dehors de l’école ?
  • L’UNSA suggère en revanche de réexaminer les programmes à tous les niveaux, afin de « dégager du temps d’apprentissage plutôt que du temps d’exposition aux savoirs ».
On appréciera la subtilité de l’expression ! Qui traduit cette peur panique des savoirs et conduit à tenir des propos complètement incohérents. En effet comment peut-on imaginer faire apprendre les élèves (temps d’apprentissage) en les tenant écartés des savoirs ? Complet non-sens sur le plan cognitif.
  • Les « contenus », l’ambition de programmes dits trop « académiques » sont un motif récurrent des différentes restitutions.
Il faut traduire l’expression « programmes trop académiques » par programmes trop scolaires, i.e. qui enseignent trop de choses comme la langue française, les mathématiques. Bref des choses trop difficiles. Des programmes non académiques seraient des activités extra-scolaires, ludiques. Ce qui rejoint l’idée dominante de l’école comme lieu de plaisir et d’épanouissement, supposé faire s’accomplir les apprentissages naturellement, sans effort.
  • Les programmes sont pour la grande majorité jugés trop lourds pour être réalisés dans le cadre d’une année qui est la plus courte d’Europe.
Il ne vient à l’idée de personne que si les programmes étaient réellement trop lourds, cela pourrait provenir de la façon dont ces programmes sont effectivement enseignés. Aucune mention des méthodes pédagogiques utilisées dans les classes ni de leur rapport à l’efficacité et aux résultats. Et pourtant ce ne sont pas les données probantes qui manquent.
  • Sur l’évolution du métier d’enseignant, les auditionnés s’accordent certes à dire que le métier doit évoluer : le face-à-face du cours magistral doit être renouvelé par de nouvelles modalités d’apprentissage, plus interactives.
Soyons honnête : nous avons là une bribe de remarque sur les méthodes pédagogiques. Le cours magistral doit disparaître au profit de méthodes interactives. J’aimerais savoir ce qui permet aux auditionnés d’affirmer que l’interactivité est une méthode pédagogique ayant de meilleurs résultats que le cours magistral. Où sont les données probantes ? Nulle part, bien sûr ! Car si elles existaient, il y a bien longtemps qu’on aurait rendu ces méthodes obligatoires. Mais cela fait partie de l’air du temps, des croyances, tellement ancrées dans l’esprit commun qu’on ne les remet même pas en question. Par essence, interactivité = efficacité.
  • La semaine est épuisante à l’école primaire car resserrée sur quatre jours tandis que les exigences des programmes sont en augmentation.
  • Évoqués de façon générique depuis le début comme cause probable (et facilement invoquée) de tout ce qui ne va pas, les programmes n’ont d’abord été qu’un vague objet de reproches : trop chargés, ils empêchent les enseignants de remplir leur mission, ils découragent les élèves et les dispersent trop aux yeux des parents.
Des programmes qui empêchent les enseignants d’accomplir leur mission. Il y aurait bien une solution : supprimons les programmes pour que les enseignants puissent enseigner ! Boutade mise à part, l’argument se tient et s’inscrit bien dans l’idée de retirer à l’école sa mission d’apprentissage pour lui confier celle de l’épanouissement personnel des enfants.

Pédagogie
  • Pour la FCPE, « il faut ajuster les temps de travail collectif, en classe entière, en petits groupes, et les temps de travail individuel. De plus, il faut ajuster les temps selon la nature des activités intellectuelles demandées, selon l’âge et les besoins des élèves ».
  • C’est ce que souhaite la PEEP : « La liberté pédagogique totale de l’enseignant en primaire et au collège par rapport aux programmes, donc l’autonomie « organisée » par les équipes pédagogiques des établissements ».
  • […] on doit travailler sur la richesse des contenus, sur l’organisation des cours. Moins d’enseignement reviendrait à creuser les inégalités. Il faut travailler au contraire sur une journée plus riche (intérêt des élèves, motivation) et moins fatigante ».
L’intérêt comme la motivation sont des sensations que ressentent les élèves quand ils réussissent une tâche. Cela fait partie du métier de l’enseignant de faire en sorte d’y parvenir. La motivation ne s’obtient pas en mettant un nez rouge sur l’enseignant ou en satisfaisant tous les désirs et besoins des enfants, ni en cédant aux pressions des parents d’élèves qui réclament du tout ludique.  Tout au plus, cela conduit à des classes agitées et non actives et à des enfants qui en plus de ne rien apprendre, ou plutôt parce qu’ils n’apprennent rien,  s’ennuient à l’école.
  • Pour la Fédération des protestants de France il est indispensable de revoir l’organisation de la journée, de la semaine, des vacances et de leur durée, mais cela ne pourra se faire « qu’en prenant en compte le seul intérêt de l’élève, quitte à bousculer tradition et habitudes ». En primaire, les journées sont trop lourdes, les rythmes de l’enfant ne sont pas pris en compte, le temps consacré aux enseignements artistiques, culturels et sportifs est en diminution et le soutien en fin d’après-midi plus pénalisant qu’utile, notamment, là encore, pour les élèves les plus défavorisés.
Je pensais benoîtement que les associations cultuelles étaient consultées pour donner leur avis sur la place des créneaux de formation religieuse dans la grille horaire. Mais non pas du tout ! Ainsi, la Fédération Protestante reprend – si j’ose dire ! – l’antienne de la pensée dominante sur les contenus, l’aide personnalisée, etc.
  • Sur l’évolution du métier d’enseignant, les auditionnés s’accordent certes à dire que le métier doit évoluer : le face-à-face du cours magistral doit être renouvelé par de nouvelles modalités d’apprentissage, plus interactives.
De l’interactivité comme modèle pédagogique, dont l’efficacité semble  admise et prouvée. À tel point, que cela ne nécessite pas de plus ample développement.
  • Alléger la « journée pédagogique » de classe, ne pas dépasser un nombre quotidien d’heures de cours, ce qui n’empêche pas d’autres formes de prises en charge, à l’école, en surplus de ce temps. Dans l’académie de Lyon, on suggère par exemple un concept innovant, celui de « temps forts » : c’est un regroupement de disciplines, par périodes, sur des plages horaires à thème. En contrepartie les emplois du temps sont allégés et plus souples sur d’autres périodes.
De l’innovation comme garantie d’efficacité… Mais c’est en région lyonnaise : l’INRP n’est pas loin !


Changer le métier d’enseignant
  • Les missions des enseignants mériteraient d’être redéfinies, avec plus de présence dans les établissements, comme le voudrait la PEEP : « On devra aborder sans tabous la réflexion sur les conditions de travail et le temps de présence des enseignants au sein des établissements, qui est probablement en inadéquation avec les besoins des élèves.
C’est logique : les journées actuelles sont trop longues pour les enfants ; mais pour les enseignants, il faudrait les rallonger !
  • Les jeunes doivent apprendre à gérer leur temps et le CAPE propose que les enseignants soient donc formés à « enseigner le temps ».
De la poésie surréaliste.
  • Le CAVL de Besançon, pour sa part, va jusqu’à proposer de « modifier les emplois du temps des enseignants, afin qu’ils soient plus disponibles pour les activités extrascolaires notamment culturelles et les activités de soutien ».
C’est curieux que personne ne suggère d’augmenter le salaire des enseignants et d’améliorer leur statut. Il est pourtant couramment admis dans le monde de l’entreprise par exemple, qu’à travail plus lourd, salaire plus lourd.


Globalité du temps
  • les rythmes de l’enfant ne sont pas isolables de l’ensemble des rythmes sociaux : ceux de l’entreprise (qu’on pense aux temps partiels de nombreuses mères de famille, à l’organisation des transports scolaires, ou aux aspects économiques, en particulier le tourisme), ceux des collectivités locales (plages d’ouvertures des équipements publics, temps de travail des personnels territoriaux), ceux du tissu associatif, sans oublier ceux des familles elles-mêmes »
  • Un service public d’éducation ne prend-il en compte que le seul temps scolaire ou englobe-t-il l’ensemble des temps scolaire et périscolaire ? ».
  • Le temps est une ressource pédagogique : organisation des apprentissages, apprentissages citoyens, vie scolaire… Il n’y a pas de hiérarchisation de ces temps. Il faut donner une égale importance aux temps éducatifs, associatifs, scolaires… Les jeunes doivent apprendre à gérer leur temps et le CAPE propose que les enseignants soient donc formés à « enseigner le temps ».
  • Plusieurs temps tissent celui de l’éducation : les temps de réception, les temps de tâtonnement, les temps de relation, les temps d’expression, les temps de création, les temps libres. Tous ces temps s’imbriquent les uns dans les autres, vivent dans tous les champs disciplinaires et permettent de ne pas opposer les savoirs dits « fondamentaux » aux savoirs artistiques, sportifs… ».
  • En remède à ces deux derniers points, dans sept académies, les échanges vont même jusqu’à conclure à la nécessité de développer l’internat « dès le collège » : solution certes à la fatigue des transports, mais aussi assurance « de bonnes conditions de gestion du temps et du sommeil ».
  • On insiste partout sur la nécessité de tenir compte de la journée de l’enfant dans sa globalité, avant, pendant et après l’École.
  • Comme le dit l’académie de Montpellier, « il faut réfléchir à une autre échelle, quitter le cadre de la journée de six heures pour celui de la journée de vingt-quatre heures…
Le concept de globalité du temps est une façon de lâcher l’école, de la faire se noyer dans le bourbier des tiers-temps et autres balivernes, de l’éloigner de sa mission initiale, les apprentissages. La demande d’internat est dans l’air du temps. Combien de parents rêveraient de confier leurs enfants le lundi matin à l’institution et de ne les récupérer que le vendredi ou le samedi, si possible gratuitement…

Tourisme
  • Les professionnels du tourisme ont aussi leur place à prendre dans l’offre éducative. Les élus des stations de montagne et des communes touristiques regrettent que les contraintes en matière de responsabilité découragent les enseignants qui hésitent à accompagner leurs élèves en classes de découverte.
Chacun voit midi à sa porte, dit le proverbe, et cette consultation le montre bien. Les classes transplantées ont eu leur heure de gloire sous la pression des parents d’élèves. Alors que jamais rien ne nous a démontré que les enfants apprenaient mieux en se transportant ailleurs. Si on se demande au passage ce que cette remarque vient faire dans la question des rythmes scolaires, on comprendra vite que la baisse des classes transplantées justifie que les élus des montagnes soient favorables au zonage des vacances, afin de compenser le manque à gagner.

Vacances
  • Le calendrier scolaire doit permettre à tous les enfants et à leurs familles de partir en vacances, alors qu’actuellement seuls 67 % des Français partent en vacances, ce à quoi l’administration du tourisme tente de remédier avec l’Agence nationale des chèques vacances (ANCV).
  • Ces vacances d’été laissent les enfants désœuvrés, les parents ne sachant pas comment les occuper.
  • L’UMIH et la FNSCMF font observer, pour leur part, qu’un étalement des vacances d’été serait synonyme de garanties tarifaires raisonnables et donc d’un meilleur accès à tous aux vacances.
  • La durée des vacances d’été est source de disparité : vacances familiales, culturelles, activités enrichissantes pour les uns, vacuité d’un temps non mobilisé, télévision et ennui pour les autres, livrés à eux-mêmes.
La vie est injuste, c’est un fait que l’on doit déplorer. Certains ne partent jamais en vacances (y compris chez les enseignants) et d’autres les occupent à des activités multiples et enrichissantes. Même si on réduisait les grandes vacances à une semaine, cela permettrait-il à ceux qui ne partent pas pour raisons financières de partir ? Tous les maux de la terre ne sont pas imputables à l’école et ce type de discours dessert complètement le message qu’il veut délivrer. Le fait que les enfants s’ennuient pendant les vacances est du seul ressort des parents d’élèves, sauf à penser que l’école doit prendre en charge les enfants 24 heures sur 24 comme le suggère l’académie de Montpellier, devenant ainsi un service social de garde d’enfant ou d’internat.

CSA
  • Les enfants et les adolescents passent la plus grande partie de leur temps libre devant les écrans, télévision pour les plus petits, Internet et jeux vidéo pour les adolescents qui se rencontrent virtuellement sur les réseaux sociaux. Les taux d’audience sont comme rythmés par le temps scolaire. La fréquentation est élevée dans la journée pendant les congés scolaires ainsi qu’avant et après l’écol
  • Le CSA préconise pour sa part la mise en place d’une véritable éducation aux médias.
  • On déplore pêle-mêle le temps excessif passé par les élèves devant « la télé » le soir, les programmes du soir non adaptés aux plus jeunes, le laxisme de certains parents… C’est le lieu du clivage parents-enseignants : les enseignants insistent sur la responsabilité des parents qui mettraient ainsi eux-mêmes leur enfant en situation d’échec.
  • Plus que par négligence, c’est par manque d’information tant sur les besoins de sommeil que sur la fascination exercée par ces nouveaux médias que les parents se montrent en réalité bien démunis. Dans plusieurs académies on propose donc des actions d’information et de « formation » en direction des familles.

La télévision est à utiliser avec grande modération et sous contrôle parental. Tous les enseignants le savent. Et le CSA a raison de tirer la sonnette d’alarme. Mais que vient faire l’école dans l’histoire ? La télévision est dans les familles. Qui doit fixer les règles de son utilisation ? Qui a les moyens de faire respecter ces règles ? Qui doit donner à ses enfants une éducation, y compris aux médias ?  Les parents bien sûr. Pas les enseignants. En France, chaque fois qu’un problème de société émerge, c’est l’école qui doit y remédier.

Les enfants sont obèses : on doit éduquer à l’hygiène alimentaire. Le tabac tue : prévention à l’école. L’homophobie augmente : prévention à l’école. Accidents de la route : prévention à l’école… La liste serait longue. À tel point que si l’enseignant s’engage dans toutes ces missions, il n’a plus le temps d’enseigner.
Le  CSA exonère les parents de négligence et les dit ignorants ou dépassés. Il n’est pourtant pas difficile de se rendre compte qu’un enfant qui manque de sommeil est irritable et fatigué. Et il est difficile de croire qu’à une époque où la plupart des enfants ont été désirés, les parents ne se donnent pas les moyens de leur donner ce qui est le mieux pour eux : une éducation.
Et si la  grande fatigue des enfants, que les auditionnés ont tous constatée, ne venaient pas des programmes trop riches, mais du laxisme éducatif dont les parents font preuve ? Et si la solution était entre les mains des parents, et non de l’école ?


Et pour finir, quelques perles qui se suffisent à elles-mêmes :
  • (…) le terrain de sport est par exemple le lieu idéal pour vérifier concrètement l’application de données mathématiques ou physiques.
  • « L’amélioration du temps scolaire doit viser une meilleure appropriation par les élèves de l’espace scolaire, pour développer un sentiment d’appartenance et le plaisir d’être à l’école ».
  • Cela doit amener les décideurs à concevoir que, si le cadre général doit être national et fixer des principes forts concernant l’intérêt des élèves et des apprentissages, il doit aussi permettre une adaptation locale, nécessairement concertée entre tous les partenaires essentiels, qui réponde aux enjeux d’une éducation nationale et aux besoins des élèves et des parents qui vivent là ».
  • Aux yeux du CNOSF, le sport est ainsi véritablement un média de culture générale, comme on le démontre dans les classes sports-sciences ou dans les camps olympiques de la jeunesse.
  • (…) une amélioration de l’organisation journalière, hebdomadaire et annuelle ne permettrait-elle pas justement la mise en oeuvre d’un  enseignement sur un mode plus interactif et ne laisserait-elle pas le temps de l’appropriation des connaissances ?
  • Pour l’École, les enjeux sont éminemment pédagogiques : il s’agit de concilier souplesse et stabilité structurante et d’articuler individualisation des parcours et équité.
  • La question du financement est un point sensible qui doit être un levier, non un frein.
  • (…) il faut envisager une évolution des rythmes scolaires dans leur globalité : globalité des temps de l’enfant, globalité de l’angle d’approche et des interlocuteurs, globalité de la réflexion…