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mardi 20 novembre 2012

Élèves : de lourdes obligations de présence



La journée scolaire d’un enfant

Dans une école lambda, voici le programme d’un élève x dont les deux parents travaillent.
7h45
Arrivée à l’école – Garderie – L’enfant est gardé dans la cour de récréation si la météo le permet. Sinon, il est gardé dans le réfectoire. Sauf si les écoles sont équipées de salles appropriées, ce qui en général n’est pas le cas.
9h00
Début de la journée de classe
10h30 – 10h45
Récréation ; le temps de récréation est de 15 minutes par demi-journée en élémentaire et peut aller jusqu’à 30 minutes en maternelle.
10h45 – 12h00
Classe
12h00 – 13h30
Cantine. Après ou avant le repas (il y a parfois deux services suivant le nombre des inscrits) les enfants sont gardés dans la cour de récréation. En cas d’intempérie, ils vont sous les préaux, le réfectoire étant occupé par ceux qui mangent.
13h30 – 15h45
Récréation
15h45 – 16h30
Classe
En plus de la journée de classe, les élèves ayant des besoins particuliers restent deux heures de plus par semaine pour recevoir une aide personnalisée.
16h30 – 18h30
Garderie. Les enfants sont gardés dans la cour de récréation ou dans le réfectoire quand la météo ne le permet pas.

L’enfant qui fait cette journée complète à l’école, et ils sont très nombreux dans ce cas, surtout parmi les tout petits, passe donc 10h45 dans les murs de l’école. Pendant ce temps, il réalise les activités proprement scolaires pour un total de 6 heures (ou parfois 7 heures quand il suit l’aide personnalisée) et subit la garderie pour un total de 4h45. Soit 55 % du temps consacré à la classe et 45 % consacré à la garderie.

Arrivé chez lui, il doit faire ses devoirs. L’interdiction relative aux devoirs date de 1956 et porte sur les devoirs écrits. Mais rien n’interdit de donner des tâches non écrites telles que des leçons à apprendre ou de la lecture.

Au regard d’un tel emploi du temps qui bien sûr, ne parle pas de la manière dont l’enfant est pris en charge à la maison, on peut sans se tromper comprendre que les journées sont trop longues. On comprend mieux aussi pourquoi les enseignants déplorent la baisse de concentration des élèves, l’impossibilité de se concentrer très longtemps sur une activité, la fatigue matinale des élèves.

Des études viennent compléter cette observation, elles portent sur la répartition et l’utilisation du temps pendant la période de classe. Regardons d’abord comment l’on nomme les différents temps de l’école :
  • Le temps disponible : C’est la quantité de temps pour toutes les activités durant la journée et l’année scolaire. Dans notre exemple,  le temps disponible de l’enfant concerné est de 10 h 45.

Le temps de la classe

  • Temps alloué : C’est la quantité de temps dédiée à l’enseignement dans un contenu disciplinaire (temps passé dans les diverses matières). Des recherches sur la question montrent que le temps alloué représente environ 70 % du temps de classe, le reste étant utilisé pour des activités sans rapport avec les apprentissages.
  • Temps engagé (ou temps passé sur la tâche) : C’est la quantité de temps passé par les élèves dans une tâche d’apprentissage (ex : écouter l’enseignant, résoudre un problème, écouter les autres répondre, prendre des notes, lire). Certaines recherches indiquent que les élèves sont engagés pendant moins de la moitié du temps alloué à l’enseignement, soit environ 2 heures par jour (ex : Anderson & Walberg, 1994; Haynes & Jenkins, 1986).
  • Temps d’apprentissage scolaire (TAS) : C’est la quantité de temps au cours de laquelle les élèves sont engagés avec succès dans des tâches scolaires de leur niveau. Le TAS représente en moyenne un très petit pourcentage de la journée (environ 20 % du temps alloué, soit 50 minutes par jour) dans beaucoup de classes (Fisher et al. 1978).
 Que conclure de tout cela ?

De toute évidence, il y a un "rapport qualité/prix" défavorable, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, pour un temps disponible de 10h45, au bout du compte, l’enfant en question aura grosso modo un temps d’apprentissage de 50 minutes, soit environ 8 % du temps disponible. Et pourtant, l’école est supposée être le lieu des apprentissages scolaires.

Certes, on peut améliorer le TAS, par une bonne gestion de classe, par des méthodes pédagogiques efficaces. Néanmoins, les heures passées par les enfants en garderie "libre" (sans activité) et cantine ne créent pas des conditions favorables au travail en classe. Ainsi, quand nous récupérons les élèves l’après-midi, ils sont dans un grand état d’excitation, ayant été plus ou moins livrés à eux-mêmes pendant le temps méridien (qui dans certaines écoles peut aller jusqu’à 2 heures).
En tout cas, je ne suis pas sûre que notre élève x, lorsqu’il rentrera chez lui le soir, sera dans de bonnes conditions pour apprendre ses leçons.

Que veut le ministère ?

Dans son projet de refondation de l’école, le ministère a souhaité réduire la journée des élèves. On ne peut que s’en féliciter.

Oui mais…

Il s’agit du temps de classe. Il était question au début d’enlever une heure au temps de classe. Quelques jours plus tard, cette heure est devenue ¾ d’heure. Et ce n’est pas fini.

À quoi le ministre aurait ajouté qu’aucun enfant ne sortirait de l’école avant 16h30. Du coup, les collectivités locales ont commencé à se manifester, certaines ont même demandé un allongement du temps méridien. À cela s’ajoutent les 3 heures du mercredi matin, qui elles ne semblent pas bouger.

En l’état actuel des choses, l’allègement annoncé se révèle être un alourdissement. Les collectivités locales, dans leur ensemble, n’ont pas l’argent pour mettre en œuvre des activités sportives ou culturelles encadrées en vue de remplacer les garderies. Les garderies resteront garderies. Et n’oublions pas les 3 heures de classe du mercredi matin.

Au total, le temps disponible sera le même, l’élève passera le même nombre d’heures dans l’école, le temps de classe aussi (les ¾ d’heures quotidiens en moins étant compensés par les 3 heures du mercredi). Les garderies pourront être parfois plus longues, selon les municipalités. La fatigue des élèves sera aggravée par l’absence de la coupure du mercredi.

Les choses ne sont pas encore arrêtées et le ministère entame la grande valse des hésitations, face aux mouvements de contestation qui se manifestent un peu partout. Néanmoins si cette réforme aboutissait en l’état, elle aurait réussi l’exploit unique de faire passer un alourdissement de la présence des élèves à l’école pour un allègement ! Et ce au nom de l’intérêt des enfants. Chapeau !


mercredi 14 novembre 2012

A chaque problème son observatoire


A l’instar de l’astronomie, le ministère de l’Éducation Nationale, a fait des observatoires un outil indispensable à son exercice. Et ce depuis plusieurs décennies. Dès qu’un problème surgit, le réflexe est désormais acquis : créons un observatoire. Certes, ce n’est pas propre à l’éducation, c’est un outil largement répandu dans notre société. [1] Cela mobilise beaucoup de personnel, souvent détachés de leurs postes habituels, de l’argent, de l’énergie, sans parler des tonnes de papier destinées aux rapports.

Nous avons déjà l’Observatoire international de la violence à l’école et l’Observatoire européen de la violence scolaire ; auquel nous devons ajouter feu l’Observatoire national de la lecture (…2011). Pour quels résultats ?

La violence scolaire n’a pas baissé si l’on en croit les gens de terrain, les faits divers rapportés par la presse et ceux passés sous silence. Le niveau des élèves en lecture est toujours aussi catastrophique si l’on en croit les gens de terrain et les diverses évaluations.

Est-ce une spécialité française que de nier la réalité, de faire semblant, de ne pas tenir compte de ses erreurs pour tenter d’autres solutions ? Ou bien est-ce simplement dans l’air du temps ?

Quoi qu’il en soit, nous avons un sérieux problème. On pourrait imaginer que nos astronomes éducatifs utilisent des télescopes défectueux, mais c’est assez improbable vu le prix qu’ils y consacrent. Non, le problème dépasse la simple observation et se situe au niveau de l’analyse des données et des solutions envisagées. Cette débauche d’observation, de concertations, de missions, de communications et autres tables rondes ne permet pas de dire que depuis leur existence les observatoires ont changé les choses. Ce serait une bonne idée de distribuer à tous les enseignants de France et de Navarre un questionnaire sur le sujet. Car, après tout, ne seraient-ils pas eux aussi habilités à porter un jugement, voire à proposer des pistes. Ne sont-ils pas des spécialistes de l’école ? Mais encore faudrait-il que leurs propositions soient prises en compte. Non, ce n’est pas dans les habitudes de demander aux intéressés leurs avis. Tout au plus leur fait-on croire qu’ils sont consultés, lors de grandioses mascarades  “démocratiques”.

Qu’à cela ne tienne. Notre actuel ministre a décidé de s’attaquer à la violence scolaire. Par conséquent, un nouvel observatoire est annoncé : l’Observatoire de la violence scolaire. Il sera dirigé par Éric Debarbieux, déjà président de l’Observatoire international de la violence scolaire. D’aucuns se réjouissent de sa grande expérience en la matière, et les mauvaises langues le renvoient à cette expérience même. Il en définit l’essence comme « la connaissance au service de l’action ». Nous voilà donc rassurés sur la question, une fois de plus.

Certains me trouveront de mauvaise foi, trop critique ou sarcastique ; alors à ceux-ci, je propose la création d’un Observatoire des observatoires, indispensable outil pour enfin pouvoir nous forger une idée objective sur la question. Je suis tout de même surprise que personne n’y ait déjà pensé…


[1] Juste pour le plaisir des mots, voici pêle-mêle, quelques observatoires (bien réels !) que l’on peut trouver par-ci par-là : Observatoire national de la sécurité, Observatoire national pour l’enfance en danger, Observatoire sociologique du changement, Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale, Observatoire national de la vie étudiante, Observatoire de la parité, Observatoire des sciences et des techniques, Observatoire des discriminations, Observatoire des ressources numériques adaptées, Observatoire des ressources multimédias en éducation, Observatoire des ruptures, Observatoire des pratiques pédagogiques, Observatoire des politiques culturelles, Observatoire des inégalités, Observatoire de la franchise…


 

dimanche 11 novembre 2012

Paroles, paroles ...


En septembre 2007, Nicolas Sarkozy s’adressait aux éducateurs dans sa Lettre aux éducateurs. J’ai sélectionné quelques extraits qui me semblent fondamentaux. À dessein, ils ne sont accompagnés d’aucun commentaire, chaque lecteur étant capable cinq ans après ces annonces mirobolantes de les faire tout seul.


« La Nation vous doit une reconnaissance plus grande, de meilleures perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, de meilleures conditions de travail. »
« Dans l’école de demain vous serez mieux rémunérés, mieux considérés et à rebours de l’égalitarisme qui a trop longtemps prévalu, vous gagnerez plus, vous progresserez plus rapidement si vous choisissez de travailler et de vous investir davantage. »
« Vous pourrez choisir la pédagogie qui vous semblera la mieux adaptée à vos élèves parce que je crois qu’il faut faire confiance aux enseignants, à leur capacité de jugement, parce qu’ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour leurs élèves. »
« La reconversion de ceux d’entre vous qui après avoir longtemps enseigné éprouveront le besoin de changer de métier et faire valoir autrement leurs compétences, leur savoir, sera facilitée que ce soit à l’intérieur du secteur public ou à l’extérieur. »
« Je souhaite faire de la revalorisation du métier d’enseignant l’une des priorités de mon quinquennat parce qu’elle est le corollaire de la rénovation de l’école et de la refondation de notre éducation. »
« Et, je m’y engage, les moyens qui seront ainsi dégagés seront réinvestis dans l’éducation et dans la revalorisation des carrières. »
« Le temps de la refondation est venu. C’est à cette refondation que je vous invite. Nous la conduirons ensemble. Nous avons déjà trop tardé. »

 En juin 2012, c’est le nouveau ministre de l’Éducation Nationale, Vincent Peillon, qui écrit sa Lettre à tous les personnels de l’Éducation Nationale. Là aussi, j’ai sélectionné quelques extraits essentiels, relatifs principalement à l’enseignement primaire. Rendez-vous dans cinq ans pour faire le bilan sur ces points particuliers.


« L'école primaire est notre première priorité. »
« Nous veillerons à ce que l'encadrement des classes soit renforcé, notamment dans les écoles qui  sont confrontées aux situations les plus complexes. Cette ambition trouvera une première traduction, dès la prochaine rentrée, avec la création de 1 000 nouveaux emplois de professeurs des écoles. »
« L'acquisition des savoirs fondamentaux doit rester l'objectif intangible de l'école primaire. »
« La pédagogie doit être attentive aux travaux de la recherche. »
« Le livret personnel de compétences actuel est inutilement complexe. Il est trop tard pour le modifier pour la prochaine rentrée, mais il connaîtra des simplifications indispensables et des évolutions pour tenir compte des forces et des faiblesses de son format et de son usage. »
« Des moyens supplémentaires seront mobilisés, dès la prochaine rentrée, pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. »
« La formation des professeurs aux enjeux et aux usages pédagogiques du numérique sera développée. »
« C'est pourquoi la présence des adultes sera augmentée avec la création de nouveaux emplois de conseillers principaux et d'éducation et d'assistants d'éducation dès la rentrée 2012. »
« C'est en accordant la plus grande attention aux conditions morales et matérielles de votre activité, ainsi qu'à votre formation, que nous souhaitons manifester à tous les personnels de l'éducation nationale l'estime et la confiance que nous vous portons et qui nous paraissent fondamentales pour asseoir cette autorité. »
« Le Président de la République a clairement dit la priorité qu'il accordait à l'École de la République.»



samedi 10 novembre 2012

L'enseignant curé ou soldat ?



L’enseignement est l’un des rares métiers au monde que l’on se sente toujours obligé de comparer à un autre. Cette particularité pose question et révèle sans doute que ce métier n’en est pas vraiment un, son statut est flou, y compris dans l’esprit de ceux qui le pratiquent.
En France, encore aujourd’hui, la comparaison avec le curé et l’utilisation d’un vocabulaire religieux dominent. Le mot vocation par exemple, est très courant. Il est admis qu’un bon enseignant doit avoir la « vocation ». Aurait-on l’idée de  parler de vocation pour le métier d’ingénieur, celui de boucher ou encore celui de secrétaire ? Avoir la vocation signifie répondre à un mystérieux appel, avoir eu une révélation, celle d’enseigner. Celui qui l’entend n’a pas besoin d’être formé à cela, il prend son bâton de pèlerin, sa foi lui suffisant pour accomplir de grandes choses. Bien sûr, cette comparaison minimise le côté professionnel de l’enseignant, de la formation et en même temps lui donne un côté ésotérique. Dans le même registre, nous trouvons aussi les termes : dévouement, mission, amour (des enfants), engagement, passion [1]. À l’heure actuelle, le ministère a du mal à recruter des enseignants. Qu’à cela ne tienne, on évoque la « crise des vocations » en passant soigneusement sous silence la piètre rémunération, le manque de reconnaissance sociale qui va avec, le manque de moyens pour exercer le métier, les conditions matérielles déplorables et dans des cas de plus en plus fréquents, le danger de la profession (il n’est qu’à consulter les faits divers dans les journaux, auxquels on ajoutera ceux qui ne font pas la une de la presse) tant sur le plan physique que psychologique. Il est inutile d’annoncer à grand son de trompe que le métier d’enseignant sera un jour  revalorisé (on nous l’a fait croire si souvent) tout en distillant cette idée d’un métier qui ne repose sur rien d’autre qu’une vocation. Et pourquoi pas un bénévolat ? Tout cela contribue fortement à la dévalorisation du métier, à sa déprofessionnalisation.
J’ai trouvé un autre type de comparaison qui me semble intéressant de rapporter ci-dessous, il vient d’outre-Atlantique. Le magazine américain en ligne Education Week a récemment publié un article dans lequel il soutient que l’enseignement a plus en commun avec la carrière militaire. Il y a certes des similitudes mais aussi des différences de taille.
L’enseignant, tel un soldat d’aujourd’hui, doit d’abord sécuriser la zone, sa classe, surveiller le bien-être de « ses habitants », ses élèves, et évaluer en permanence les menaces potentielles (comportementales). Il est clair que dans certaines écoles dites « sensibles » le travail de l’enseignant, en particulier dans le Secondaire, se résume à une tâche de pacification pour laquelle il n’est absolument pas formé, contrairement au soldat.
Comme le soldat désamorce une bombe en zone de guerre afin de sauver des vies humaines, l’enseignant tente d’étouffer dans l’œuf les comportements susceptibles de nuire aux autres élèves ; mais là, contrairement au soldat, il ne possède pas la procédure de désamorçage. Il fait ce qu’il peut et en général dans la plus grande solitude ; il n’a pas d’équipe sur laquelle s’appuyer, ce qui n’est pas le cas du soldat.
Le soldat doit suivre les ordres de ses supérieurs, sans les commenter ni les contester, même si ces supérieurs sont fort éloignés de la réalité du terrain. C’est le cas dans l’enseignement pour les injonctions pédagogiques. Quand les programmes, la formation initiale ou continue décident que les méthodes doivent être actives, alors les enseignants sont tenus de les mettre en œuvre sans se préoccuper des résultats. Le soldat obéit, c’est un exécutant. L’enseignant doit également obéir à sa hiérarchie et aux programmes. La différence est qu’on lui laisse croire qu’il est un être pensant et possède une liberté pédagogique. Mais que faire de cette liberté pédagogique quand on est tenu de respecter les programmes et que ceux-ci demandent par exemple d’utiliser des méthodes actives pour telle ou telle discipline ? Liberté pédagogique ou obéissance ? Que faire quand on sait, grâce à des données probantes, que certaines méthodes pédagogiques sont inefficaces et que votre hiérarchie vous demande de les appliquer tout de même ? Un soldat qui n’exécute pas les ordres peut avoir de gros problèmes. Un enseignant qui fait de même pourra aussi avoir à faire avec une hiérarchie pointilleuse et ce, même si on n’a pas encore inventé les tribunaux pédagogiques.
On attend du soldat comme de l’enseignant qu’il mette au second plan ses besoins personnels, pour le bien de la mission qui lui est confiée. De la même manière, on aime à penser que l’enseignant est investi d’une mission, qu’il fait preuve d’humanisme et ne compte ni son temps ni sa peine pour le bien général. Il n’est qu’à voir le vocabulaire qui persiste encore aujourd’hui autour de ce métier : vocation, dévouement, mission, amour des enfants, engagement (voir plus haut). Et considérant les salaires des enseignants, il est clair que la motivation ne peut pas être d’ordre financier.
Enfin, le soldat et l’enseignant ont en commun une absence de reconnaissance sociale. L’armée comme l’éducation sont déconsidérées et ne sont plus véritablement des institutions sociales, même si elles en gardent le titre.
Le jeu des comparaisons pourrait s’étendre bien au-delà de ces deux exemples. Cet exercice, apparemment très prisé, montre simplement que le métier d’enseignant, comme le dit Clermont Gauthier, tarde à se professionnaliser et reste encore aujourd’hui une « profession immature ».




[1] « Mais nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion  et la vocation qui vous animent… » (Lettre de Vincent Peillon  à tous les personnels de l’Éducation Nationale, juin 2012).