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samedi 7 décembre 2013

A l'est, quoi de nouveau ?

Le PISA nouveau est arrivé, une fois de plus. Une fois de plus, l’école française révèle ses faiblesses au monde. Cela fait partie maintenant du train-train. D’aucuns se réjouissent d’avoir prédit la chose (quelle clairvoyance !) d’autres se délectent du recul de la Finlande, d’autres enfin, ressassent leurs vieilles rancunes contre la disparition de l’école d’antan, celle qui sentait bon la férule et l’encre violette. Et puis, il y a le ministre de l’Éducation pour qui cette annonce est une aubaine, lui permettant de justifier le maintien de sa réforme à un moment où il a grand besoin d’arguments. Les résultats sont mauvais, qu’à cela ne tienne, la révolution de l’école est en marche ! 

La montée fulgurante des pays asiatiques va-t-elle créer un nouveau modèle, un nouvel eldorado pédagogique propre à faire rêver toute une nation ? Comme ce fut le cas pour la Finlande. Je ne le pense pas car la culture éducative de ces pays émergents est à l’opposé de celle en vigueur chez nous. Elle véhicule la culture de l’effort et demande beaucoup aux élèves ; les méthodes pédagogiques sont transmissives. L’instruction a une grande importance aussi bien pour les Etats que pour les parents d’élèves qui mettent un point d’honneur à ce que leurs enfants réussissent à l’école. Chez nous, au contraire, on propage des légendes pédagogiques : on apprend plus et mieux sans effort, par le jeu, la transmission directe et explicite rend les enfants idiots, il faut reproduire les apprentissages naturels pour les connaissances secondaires, la recherche sur l’enseignement efficace n’est qu’une mystification etc… et bien d’autres encore.

On comprendra vite pourquoi le modèle d’enseignement asiatique ne sera jamais à la mode ici. D’ailleurs, les journalistes l’ont bien compris et au cas où quelques attardés seraient tentés d’y trouver des pistes, ils s’empressent de montrer à quel point les enfants asiatiques sont malheureux et à quel point leurs parents ainsi que leurs enseignants sont cruels : cours du soir, cours particuliers à la maison, rythmes scolaires effrénés.

Une chose est sûre néanmoins, c’est que le système asiatique est beaucoup moins élitiste que notre système français, qui lui, s’autoproclame depuis des lustres réducteur d’inégalités et qui investit des millions d’euros dans les ZEP, avec le succès que le monde entier connaît aujourd’hui. Les déclarations d’intention et les financements ne changeront rien dans les performances des élèves défavorisés tant que seront maintenues les mêmes méthodes pédagogiques inefficaces. On n’a plus l’excuse à l’heure actuelle de ne pas avoir de données concernant les pratiques pédagogiques efficaces, au contraire, il y en a pléthore. La recherche, les connaissances en psychologie cognitive, les expérimentations à large échelle, tout cela dessine un profil des pédagogies efficaces et de celles qui ne le sont pas. Les pédagogies de découverte n’en font pas partie. Néanmoins, depuis plusieurs décennies on n’en sort pas, on s’entête dans l’échec. Cerise sur le gâteau : les enfants d’enseignants, les enfants des élites, eux, s’en sortent mieux. Ces enfants-là ont la chance d’avoir accès à la culture et à l’instruction en dehors de l’école et des parents qui peuvent pallier les déficiences du système éducatif. Quant à ceux qui n’ont que l’école pour apprendre, ils sont laissés de côté. Les faits sont parlants, c’est un système élitiste.

Bien sûr, notre culture est à des lieues de la culture asiatique et vouloir imiter ces systèmes-là serait une aberration. Une école s’inscrit dans une culture et dans des mentalités. Personne n’imaginerait laisser nos élèves 8 ou 10 heures par jour sur les bancs de l’école, avant les cours du soir. D’ailleurs, ce n’est pas nécessaire quand les pratiques pédagogiques sont efficaces. L’enseignement explicite par exemple, porte ses fruits sans qu’il soit nécessaire de  faire des élèves des écoliers à l’asiatique ; simplement, ses procédures favorisent des apprentissages réussis, pour tous, ce qui permet un gain de temps et de résultats. 

Si l’on croise le PISA 2012 avec le rapport de l’IGEN rendu public récemment, lequel met l’accent sur l’inefficacité du système, on se dit qu’il serait grand temps d’abandonner les choix idéologiques en pédagogie pour se tourner vers des pratiques reconnues efficaces et de former véritablement les futurs enseignants à cela. Après la finlandisation, à quand l’« asiatisation » des esprits au sens d’une véritable recherche d’efficacité ?




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