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lundi 12 janvier 2015

Instruction et valeurs

Cela devait arriver ; le ministre de l’Éducation Nationale compte sur  l’École pour lutter contre le terrorisme islamiste  « porter les valeurs de la République », «  faire vivre et transmettre les principes», tels qu’une culture commune de tolérance mutuelle et de respect, le  refus de l'intolérance, de la haine, du racisme et de la violence,  la liberté de conscience, d'expression …Serait-ce reconnaître que l’École a failli, en matière de transmission des valeurs « républicaines » ? Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir mis l’accent sur l’éducation civique et morale dans les programmes, et ce depuis de nombreuses années. Alors, il faut croire que d’autres éléments sont à prendre en compte.

Si les valeurs républicaines inculquées par l’école se présentent comme un catéchisme citoyen à assimiler sans que les élèves n’aient la culture nécessaire à sa compréhension, cela est inutile voire contre-productif, surtout quand ces mêmes valeurs sont en désaccord profond avec celles transmises par les familles ou l’environnement.

Je suis persuadée néanmoins que l’École a un rôle à jouer dans la transmission des valeurs fondamentales de notre société. Mais ce n’est pas un énième programme d’éducation civique et morale qui changera grand-chose à mon sens. Il en va des valeurs comme de l’esprit critique[1], elles ne s’acquièrent que dans le cadre d’une culture acquise et comprise. Si nous voulons que l’enseignement dispensé forme des citoyens éclairés, ce qui de toute évidence n’est pas le cas actuellement, il faut transmettre tous les éléments culturels qui vont permettre l’exercice de la compréhension profonde, de l’esprit critique et de la pensée en général. Autrement dit, tout ce qui permettra à l’individu de ne pas se laisser dominer par le dernier gourou à la mode ; tout commencerait donc par une maîtrise parfaite de la lecture en fin de scolarité élémentaire, la lecture étant une voie d’accès à la culture et à la pensée. C’est un fait : il y a un nombre élevé d’élèves de sixième ne parvenant pas à comprendre un texte simple (15% connaissent même des difficultés de lecture sévères ou très sévères[2]).Pour eux commence alors le cycle inéluctable de l’échec scolaire. On imagine aisément à quel point il sera facile de les endoctriner, que ce soit sous des étiquettes religieuses, politiques ou autres, pour peu qu’ils soient aussi en rupture sociale et familiale. 

Effectivement, l’École aurait un rôle à jouer mais il faudrait pour cela opérer une véritable et profonde révolution. Tout d’abord en redonnant à l’institution et aux enseignants l’autorité perdue et en ayant pour seule boussole la recherche d’efficacité, ce qui en d’autres termes signifierait s’appuyer sur les données probantes. En bref, il faudrait que l’École entre enfin dans la réalité et cesse d’être une sorte d’univers parallèle peuplé de bisounours. La réalité nous rattrape de toutes façons et le prix à payer est alors exorbitant.








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